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Affichage des articles du août, 2024

Chroniques noires

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  Pendant des années, je m'étais débattu sans faiblir, au milieu de mes infortunes. J'étais le dernier né d'une famille pauvre. Nous vivions dans une misère infâme où il était difficile de détourner les yeux ; à peine lisait-on sur les journaux qui protégeaient nos murs déshabillés le nombre d’années qui s’écoulaient lentement ; dans un silence morne. À l’instar de beaucoup de ses frères, mon père trouvait du plaisir à noyer sa misère avec un grand nombre de gorgées de mahia, quand l’occasion s’en présentait. Cependant, il éprouvait à cet égard une telle crainte de ma mère, très pieuse, qu’il cachait les bouteilles dans nos cartables, habilement, dans une indifférence suprême. Mon père était alcoolique certes, mais pauvre. Oui, tellement pauvre. Ma mère était pauvre. Mes sœurs étaient pauvres. Mes oncles, étaient pauvres. Nos voisins étaient pauvres. Notre chat était pauvre. Autant de pauvreté me rendait presque riche. Riche au milieu de mes paires, d'une misère rouge

La vallée des roses

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  Dans la vallée du Dad è s, sous une nuit étoilée, d’une obscurité noire, parfois bleutée ; la terre, aride, suait la mort jusqu’aux olympes. Pendant près d’un an, les nouveaux nés mouraient, les uns après les autres, ensanglantant d’un grand pas les champs de blé, où les andrènes bourdonnaient délicatement autour des roses de Damas. Cette terre glacée, que l’on gorgeait d’engrais à chaque printemps, pleurait les âmes perdues, dans l’ombre des tiges de prêle, trépignées. Et il arriva qu’on ne sentît plus, en traversant le douar, que les senteurs acérées des roses musquées sauvages, d’un rosâtre sombre, voilaient les végétations noires et abondantes. Aucune aube ne blanchissait dans le ciel mort. Aucune. La terre battue, d’une aridité surprenante, se mêlaient aux pleurs des femmes, venues s’y recueillir, à leur insu, pleurant leurs enfants dans un léger frissonnement, la mine blafarde, comme prises de spasmes musculaires. Ce décor, à la fois étrange et sombre, peignait mes aspirations

Entetien avec un orphelin

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  La nuit, délicatement, était tombée, voilant Casablanca, de ses airs obscurs. Il semblait que ces obscurités fussent d'un bleu caverneux. Un bleu épaissi par l'effluve infecte de la pisse de rat, et renforcé par les débris tranchants de quelques seringues, trainant encore, jusque dans les dortoirs avoisinants. D’un air ahuri, on étouffait dans ce parfum repoussant, d’où se répandait un arôme infâme et répugnant. Nos halètements, et nos sécrétions mélangées à nos urines, propulsaient dans les cellules mitoyennes une haleine putride, menaçant ainsi notre petite santé. Car, outre, la panoplie d'arômes barbares qui se libéraient chaque soir de nos loges, d'autres aromates suaves déconcertaient nos papilles d’un grand pas : la chaleur du sang, la moiteur de la sueur, le karkobi de la fureur, la bissara de Mama Hnia, la décomposition des œufs pourris du midi et la bestialité des abus sexuels dont personne n’osait parler. Les pieds nus, nous devions ramasser les seaux en p