Lala Chama
Les jours défilent, dit-on, mais aucun ne se ressemble vraiment. Ah, n’y comptez guère ! Il est des jours où l’on se surprend, captif, pris au piège d’une éternelle redite, où chaque scène se rejoue comme un tableau aux couleurs fanées, étouffé par un ennui âpre qui ronge les âmes égarées jusqu’à l’os. Autrefois, les sages, d’un ton posé, affirmaient que l’ennui, tout comme les passions, savait frapper plusieurs fois la même âme perdue, l’enserrant d’un mal funeste, la condamnant aux douleurs éternelles. Que leurs discours ne soient pas mis en doute ! Mais d’autres, à la manière d’un d’Aurevilly, rétorquaient que les passions causaient moins de tort que l’ennui, car si les passions, par leur nature, s’épuisent avec le temps, l’ennui, lui, se gonfle et s’étend, jusqu’à éclipser tout éclat de vie. Veuve, sans mari pour me soutenir, sans le moindre sou à serrer dans ma main tremblante, engluée dans des paris perdus d’avance et des dettes jusqu’au cou, j’ai vu le destin me résister â