Casablanca
Peut-on se noyer dans la mer des pensées, pour recouvrir ses mémoires ? Je n'ai pas infusé dans de l'eau de Cologne Hermès, je n'ai pas sillonné les abords gelés des palaces de Courchevel, et je n'ai pas apaisé mes chagrins avec des bains japonais chez Spa Cinq Mondes. Mon père était professeur de philosophie dans un lycée public, et ma mère confectionnait des caftans à ses heures perdues. Des personnages combattifs, au revenu assez modeste. Ils nous mitonnaient du couscous le vendredi, nous confectionnaient des tuniques pour le Aid, nous emplissaient de théologie scolastique, et nous cultivaient d'affections les weekends. Une enfance assez plaisante auprès de mes sœurs, dénuée de toute désolation psychologique. Aux yeux de mes parents, je ne manquais de rien, mais à mes yeux, je manquais de tout. A chaque souffle inhalé par mes vésanies, je désirais plus. J'exigeais plus. J'ordonnais plus. Pendant que ces sentiments étreignaient mes